La bonne direction?
Non, il n’est pas question du TSCG, ce mauvais traité, inutile sauf pour faire avancer les idées de Mme Merkel sur le fédéralisme européen qu’elle souhaite... In-ratifiable pour un citoyen français, a fortiori pour un élu.
Après la phrase de J.-F. Copé sur le pain au chocolat et, si l'intention de JFC est claire, il suffit d'un cas où ce qu'il donne comme exemple est avéré, pour que le problème sous-jacent doive être traité, le premier ministre a dit : c'est "en tenant un discours républicain exemplaire qu'on pourra ramener, là où la République a reculé, les choses dans la bonne direction". Il faut prendre au mot une telle déclaration même si dans le cas d’espèce qui l’a suscitée, la question de fond demeure posée, sans solution crédible aujourd’hui ni esquisse d’une évolution « républicaine », les déclarations de Valls sur un islam de France et sur la négociation possible alors des représentants du culte musulman avec l’Etat, ajoutant à la confusion, alors que le JDD ( édition du 07/10) n’hésite pas à titrer sur les « djihadistes français prêts au martyre »!
Qui a fait reculer la République?
Si l’on s’en tient à la réalité vécue de cités assez nombreuses pour que le phénomène ne puisse être négligé, il existe assurément des zones de non-droit dans notre pays, des quartiers dépourvus de services publics variés, souvent mal desservis par les transports en commun, abandonnés à des caïds de trafics variés et peu inquiétés sur la nature de leurs revenus par le fisc, pourtant habilité à saisir des biens à l’origine de propriété douteuse ou à demander des comptes sur des trains de vie inattendus.
Abandonnés en effet parce que les responsables politiques, dont les élus locaux qui réclament toujours plus de pouvoirs, ont toléré d’abord, puis intégré à leur stratégie pour certains, une sectorisation ethno-sociale de la Cité. Ce n’est pas le hasard qui fait que tel ou tel ensemble locatif est peuplé à 95 % de populations issues de l’immigration, mises ainsi à l’écart et ensemble.
Le non-respect de la loi sur le taux de construction des logements sociaux, facilité par une sanction dérisoire, la préoccupation mercantile de la promotion immobilière ici et là, le clientélisme ailleurs ont abouti à une situation construite bien antérieurement aux conséquences budgétaires de la crise ou aux transferts de missions, sans moyens correspondants, de l’Etat vers les collectivités territoriales.
Tous les employés des caisses primaires et des caf savent par exemple que la polygamie, quoi que faible, interdite, existe de fait avec des familles vivant à plusieurs adresses y compris avec des enfants de même nom du même père; les employés ont systématiquement été priés de payer sans enquêter même quand cela multiplie les allocations de parent isolé (1).
Chacun sait qu’il existe des bénéficiaires de la CMU ou chômeurs de longue durée qui passent dans les caisses ou à Pôle emploi avec leur véhicule Premium, généralement de marque allemande. Un syndicat des Impôts avait naguère compté les voitures de luxe immatriculées dans certains départements et le représentant d’une de ces marques avait avoué que sans l’argent de trafics divers il vendrait moins de véhicules de luxe...
Les pouvoirs publics ont bel et bien renoncé à appliquer et à faire appliquer la loi et que cela soit dû à un relativisme culturel inepte et dangereux par rapport à l’objectif prioritaire d’une citoyenneté universelle, à une incapacité à proposer emploi et formations diversifiées à tous les jeunes voire dans ce cas à un refus de comptable et d’idéologue à la fois, à un calcul malhonnête et disqualifiant pour créer des diversions populistes et des leurres quant à la réalité de classe des politiques économiques et sociales conduites, cela est inexcusable et malheureusement imputable à grief aussi bien à la droite qu’à la gauche.
Nous avons eu un chef de l’exécutif qui a voulu faire croire qu’un Etat pouvait être dirigé comme une entreprise et l’un de ses ministres, celui de l’Education nationale, ce qui est un comble, s’y était expressément référé; l’omniprésence médiatique du président parti et même la saturation en ce domaine n’ont pas été qu’une mise en scène de communication tous azimuts mais la voie choisie pour faire passer une politique d’accentuation des divisions sociales. Le malheur est que l’opposition, sans politique ni discours alternatifs précis parce qu’elle s’est rendue sans combattre à l’idée d’une mondialisation financière indépassable et irréversible, a répondu sur le seul terrain de l’antiracisme, de la morale non explicite voire du culturalisme flou.
S’étonner des succès du FN ou des dérapages volontaires de Copé, c’est ne pas être dans le réel.
Marseille, non pareille ou illustration parfaite ?
La mauvaise réputation de la deuxième ville de France est ancienne et les développements contemporains des règlements de compte dans la rue, comme les affaires judiciaires pendantes et touchant plusieurs élus ou la corruption qui a gagné une partie des agents chargés de faire respecter la loi et de rechercher et livrer à la justice les délinquants et les criminels sont préoccupants; le mal est assez profond pour que les déplacement de membres du gouvernement ne suffise pas pour qu’on puisse envisager une solution à court terme.
Assez ancien, car Belmondo et Delon ont pu en tirer deux films à succès sensés se dérouler ès années 30 et 40, pas très éloignés des réalités d’alors et un journaliste reconverti dans le roman policier a su apporter un nouvel éclairage avec quelques uns de ses confrères en écriture, BD comprise. Et nul Marseillais ne pourrait dire que cela est pure fiction.
L’une des causes de l’impuissance des politiciens marseillais est un développement forcené du clientélisme qui, mettant en évidence les inégalités de traitement des dossiers ou des carrières en fonction d’une plus ou moins grande proximité de tel ou tel décideur, ruine le principe d’égalité citoyenne et constitue le pire des exemples pour les populations les plus défavorisées quant à l’accès à l’emploi, à la culture et à la formation. Qui rêve d’ un smic pour un vrai travail quand la sentinelle d’un trafic gagne l’équivalent de trois ou quatre? Le corollaire est certes l’embrigadement dans un réseau et l’entrée définitive dans la délinquance pour beaucoup, mais trop d’exemples d’impunité rendent difficiles le retour vers le civisme.
Ce clientélisme des élus a gangrené le fonctionnement d’autres institutions ou entreprises, comme si la guerre froide et l’anti-communisme prétexte un temps de ces pratiques étaient encore opérationnels.
Les affaires impliquant des policiers n’affectent pas que Marseille, mais il est facile pour les media de faire un paquet-cadeau de l’ensemble des anomalies observables pour se dispenser d’une analyse plus fouillée et pour attribuer au climat ou à l’histoire la cause des accidents locaux.
En réalité, pour ce qui concerne ses politiciens par exemple, Marseille est à l’unisson des autres villes: le scandale absolu qu’est, par exemple, le refus de nombreux élus de renoncer au cumul des mandats dans le temps comme dans l’espace, alors que, pour les élus du PS, il s’agit d’une décision obtenue par un vote très majoritaire des militants du parti, s’accompagne d’une incapacité chronique à préparer les successions, à susciter des renouvellements de personnes et de générations, à former des caractères; à croire que le principe d’hérédité, observable ici et là d’ailleurs, a supplanté dans l’esprit de trop d’élus le principe de l’élection et a occulté le rôle d’un parti, intellectuel collectif, et seul à même d’investir un candidat qui aurait grand tort de croire qu’il est né de ses oeuvres. Cela est vrai à Marseille mais aussi dans de nombreuses autres villes, chefs-lieux ou « capitales » régionales.
Il est des décisions politiques dont le coût pour les finances publiques est nul et c’et le cas des mesures que prône le député René Dosière, écarté par ses collègues de la commission de vérification ; au point que sentant que le désintéressement des élus ne paraissait nullement évident aux yeux du public et des électeurs, le sénateur-maire de Dijon, Rebsamen et quelques autres proposent le non cumul des indemnités, mais pas encore des avantages annexes (secrétariat, voiture de fonction, chauffeur etc).
Quand les élus ont des comportements de caïds , ou de barons si l’on préfère, quand ils se jugent irremplaçables et qu’ils manipulent des hiérarchies de sous-fifres jusque dans les instances de leur parti, l’autre cumul étant bien celui de responsabilités dans le parti et de missions ou contrats auprès d’élus qui dirigent des exécutifs, comment croire que la rénovation du politique et de l’image des politiciens auprès non seulement des citoyens conscients mais d’une jeunesse en formation peut s’effectuer?
Eviter le pire
Il nous paraît tout à fait évident que si le président de la République n’impose pas, dès avant les prochaines élections locales (2014 pour les municipales), le respect du non cumul des mandats, non seulement le non cumul d’un mandat législatif et d’un exécutif local, fonctions de vice-président incluses, mais aussi le non cumul d’un mandat d’adjoint ou de président ou vice-président d’une communauté d’agglo, la droite en tirera les arguments faciles mais efficaces que le discours dans l’opposition et celui au pouvoir n’est pas le même!
Si sur ce point le président ne réalise pas l’un des points forts du projet socialiste pour la rénovation des pratiques politiques, il aura fait la preuve soit de son incapacité à tenir ses troupes, soit d’une duplicité en tous points dommageable pour sa propre crédibilité et donc pour son éventuelle réélection.
Il est en tout cas inqualifiable que des élus législateurs osent dire que leur enracinement territorial leur permet de mieux légiférer comme si l’idée de la Loi était construite à partir des idées, impressions, revendications ou besoins d’individus différents d’une circonscription à une autre; la République est une et indivisible, le Citoyen aussi. Que le président du Sénat propose une adaptation régionale de la Loi en dit long sur la décadence de la philosophie politique dans notre pays.
La question est d’autant plus grave qu’une nouvelle étape de décentralisation est à l’ordre du jour, toujours sans évaluation précise du bilan réel des lois précédentes.
Le girondinisme impénitent qui paraît, à ce vulgum pecus d’élus, sans obligations ni sanctions, est d’autant moins admissible que le travail parlementaire en France consiste pour l’essentiel à transcrire dans le droit positif français des normes ou directives européennes, décidées à Bruxelles, pas même par le Parlement européen mais par une Commission sans légitimité élective et approuvée par des conseils des ministres représentant les gouvernements nationaux, qui pour certains imposent ainsi à leurs peuples des décisions pour lesquelles ils ne les ont pas consultés voire contraires à l’avis qu’ils avaient rendu.
Etrange conception de la démocratie, l’année du tricentenaire de la naissance de Rousseau dont nos élus parlent fort peu ou pas du tout!
L’urgence aujourd’hui n’est pas de donner un os à ronger à des élus affamés de pouvoir et peu pressés de rendre des comptes sur leur propre gestion, encore moins à admettre leur statut second par rapport à l’exécutif et aux législatif nationaux; il doit être clair que les collectivités territoriales sont des rouages de l’appareil d’Etat, rien d’autre et qu’il appartient au Parlement, mandataire du peuple souverain, même s’il l’oublie aussi, d’en définir les missions et les moyens; raison de plus pour éviter des parlementaires pour le coup juges et parties.
L’urgence aujourd’hui est de mettre en route une politique, à l’échelle européenne si possible, de création d’emplois, de recherche-développement, de grands travaux en cessant de croire ou de faire semblant de croire que des patrons prêts à s’expatrier pour échapper à leur contribution à la vie de la Cité sont des créateurs de travail.
Cela passe par la liquidation d’une dette infondée, car il n’y a rien de naturel ni de normal à payer les intérêts des intérêts ; le métier de banquier est de vendre de la dette autrement dit de créer de la richesses virtuelle, ce que montrent les écarts formidables entre le volume des flux financiers, les montants cumulés des dettes publiques et privées et la réalité des PIB... Un effacement de la dette ne nuirait vraiment qu’à moins de 1% de la population...
Les politiques ne manquent pas d’imagination, mais il faut que les peuples les contraignent à travailler pour eux, dont ils tirent leur légitimité.
(1): Il est d'autres exemples d'arnaque à l'allocation de parent isolé: deux enfants d'une même fratrie portant l'un le nom du père, l'autre celui de la mère... Marginal certes!
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